Vanessa
Rencontre avec Lauriane et le Poids chiche

Aujourd’hui je vous emmène à la rencontre d’une nouvelle pépite : Au Poids chiche.
Au poids Chiche c'est quoi ? C'est une épicerie itinérante qui propose des produits alimentaires, d'entretien de la maison, soin du corps ... en vrac, sans emballage (vous venez avec vos bocaux, sacs etc..), des produits bio, équitables et lorsque cela est possible le plus souvent des produits locaux.
Cette charmante épicerie est tenue par Lauriane sur le Pays d’Aix. Comme vous le savez j’aime les rencontres qui me touchent. Et Lauriane fait partie de ces rencontres. Avant tout cliente, j’ai souhaité mettre en avant son entreprise qu’elle a d’ailleurs créer en SARL statut social et solidaire (vous comprendrez donc toute la belle énergie qu’il y a derrière et son sens) car derrière celle-ci c’est une vraie démarche de sensibilisation, d’acte citoyen mais surtout un acte humain qu’elle porte malgré les difficultés.
Je suis toujours extrêmement touchée et admirative de ces personnes qui agissent pour le collectif et qui non seulement en paye le prix mais démontre une vraie volonté de changement de notre société.
Avec Lauriane nous avons parlé de la raison qui l’a poussé à créer cette entreprise, des difficultés qu’elle rencontre, de la manière dont elle trouve ses fournisseurs, de ce qu’elle a envie de transmettre à travers celle-ci et bien sûr de la valeur de la liberté qui a porté mon premier blog et qui continue à me porter en off !
Comment en êtes-vous arrivé à créer le Poids chiche ?
C’est une démarche qui a commencé à titre personnel tout d’abord avec le mouvement zéro déchet. Ca a été le moteur pour lancer quelque chose de professionnel.
J’étais sensible aux questions écologiques depuis longtemps, mes lectures, la médiatisation de Béa Johnson qui incarnait la possibilité d’un autre impact, ma démarche de me désencombrer et le fait de ne pas trouver sur le pays d’Aix de véritable structure proposant du vrac m’a alors incité à me dire que ça serait opportun et sympa de créer ça.
Ma démarche au départ a été de me poser la question avec qui je pourrai créer cela car je n’avais pas envie forcement de créer toute seule.
J’ai donc pris contact avec le réseau zero waste qui m’a transmis des adresses de personnes qui étaient en projet dans le coin . Malheureusement ça n’a pas pu se faire mais l’idée ne me lâchait pas.
Puis je suis tombée sur le projet d'un homme qui voulait monter du vrac en itinérant en Dordogne et cette idée m’a plu.
Au niveau professionnel mon parcours a commencé dans l’humanitaire et j’ai beaucoup voyagé. Le côté itinérant me plaisait et trouvait échos dans cet aspect de ma carrière professionnelle.
Pour confirmer mon envie de travailler dans le commerce, j’ai fait une immersion au bar à vrac à Marseille qui est également un restaurant anti gaspillage. Cela m’a confirmé que je souhaitais faire ça.
J’ai rencontré également inter-made qui est un incubateur de projets en économie sociale et solidaire et qui m’a aidé durant environ 5 mois à peaufiner mon étude de marché, mes fournisseurs, la réalité économique de mon secteur….
Tout est ensuite allé très vite. C’était compliqué car j’ai eu des moments d’hésitation comme tout créateur de projets. Mais je sentais qu’il y avait vraiment un besoin. J’avais l’envie de partager mon expérience personnelle aussi d’une manière professionnelle et poussée certainement par un grain de folie, je me suis lancée.
Pourquoi folie ?
Car sans folie on ne se lance pas!
Ne faut-il pas un peu de folie pour adopter le rythme de l’itinérance qui n'est pas toujours facile.
Je suis dehors tout le temps qu’il pleuve, qu’il vente. Le fait de charger à 5h30, toute la manutention qui est très présente, toute l’énergie, rentrer, charger à 20h sous la pluie.
L’avantage est de partir d’un lieu si celui-ci ne fonctionne pas, moins de charge qu’avec un local mais la contrepartie c’est l’aléatoire plus marqué. Dans le sens où on me demande de partir demain je dois partir.
Je ne sais pas si c’est plus difficile mais ce que je sais c’est que c’est juste difficile car il faut trouver l’équilibre financier et aussi le temps pour soi et la vie de famille.
Je suis souvent sollicitée par des personnes voulant monter ce genre de projet un peu partout en France ou à l’étranger et je leur partage mon expérience si j’ai le temps.
Le modèle itinérant est très chouette. Malgré la dureté parfois, il y a de la joie dans le fait de rencontrer des populations différentes et de pouvoir sensibiliser sur différents lieux du Pays d'Aix.
On m’avait baptisé l’épicerie voyageuse aux rencontres internationales du zéro déchet et je trouve que ça me correspond bien. Puis je sers les gens, je suis au service de et ça me plaît.
Qu’avez-vous envie de transmettre à travers le Poids Chiche ?
Sensibiliser les gens même si la réalité économique prend le pas sur cela.
Montrer que c’est possible, qu’on peut trouver l’essentiel sans emballage. Par cet acte-là, soutenir une petite entreprise mais aussi des producteurs locaux ou français, même si j’ai des producteurs étrangers lorsque je ne trouve pas en France.
C’est pour moi soutenir l’humain.
Une manière de montrer qu’on peut reprendre la main sur ce qu’on utilise, sur ce qu’on mange, sur ce qu’on se met sur le corps. Penser son acte d’achat.
Une manière de montrer qu’on peut reprendre son pouvoir et se mettre au centre. Ne plus subir et acquiescer à tout mais être acteur véritablement.
Revenir à l’essentiel c’est important. J’espère que je suscite juste un questionnement. Chacun faisant à son niveau mais se poser la question me semble essentiel.
Est-ce que la valeur de liberté qu’on peut éventuellement percevoir à travers ce mode de vente itinérante est une valeur importante pour vous ? J’ai l’impression à la fois de liberté mais aussi de prison face aux difficultés que vous évoquez ?
On a toujours nos aspirations et la réalité. La liberté oui mais pas que. Je pense que ce qui fait que je continue c’est la reprise du dessus de cette aspiration.
Si on reste uniquement avec ses tracas comme ça m’est arrivé cet été où je me suis dit j’arrête, on arrête effectivement.
Ce qui me motive ce n’est pas tant la liberté, c’est les gens que je rencontre au camion. J’aperçois des bribes de vie de mes clients. Des joies, des peines….l’humanité.
Ce qui me motive c’est ça : le lien. Donc la liberté peut être mais pas en premier plan.
La liberté n’a-t-elle pas un prix lorsqu’on crée son activité par conviction, par démarche ? Cette liberté prise en cassant les codes ne se paye t-elle pas ?
On m’a dit que j’étais là un peu trop tôt. Personnellement je ne crois pas. Il y a un an oui même si on m’a suivi ce qui démontre une croyance en ce projet. Pour certains endroits peut être mais je crois être là au bon moment.
Le projet ne peut pas fonctionner si en face il n’y a pas de répondant. Et c’est fluctuant dans le commerce. Modèle du commerce vieux comme le monde et qui existe depuis fort longtemps et le vrac n’est qu’une remise au goût du jour. On fait ça avec beaucoup de contraintes et de réglementations que j’ai du mal à accepter quelque fois donc oui quelque part je le paye.
Etre libre c’est choisir de continuer ou de s’arrêter. Et aujourd’hui je choisis.
Etre libre c’est choisir, et ça j’en suis convaincue.
En parlant de choix comment choisissez-vous vos producteurs ?
C’est un peu des coups de cœur, des rencontres, suite à des tests produits
J’ai parfois rencontré ces derniers dans des foires et ça c’est super.
J’ai visité la majorité d’entres-eux. Pour ceux qui sont loin c’est plus compliqué maintenant qu’au départ au vu de mon emploi du temps.
J’ai également connu des producteurs via des clients.
Est ce que vous auriez un mot ou une citation qui pourrait vous caractériser ou caractériser le Poids chiche ? Même si les deux ne font qu’un !
« Tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin » voilà ce qui m’est venu.
Cela reflète bien le poids chiche et l’idée que j’en avais.
Le ENSEMBLE est avec ma communauté du poids chiche. Valoriser nos territoires, nos produits, nos producteurs, nos savoir-faire…c’est ça l’important. C’est ça le ensemble
Est- ce que ça sert à quelque chose d’être seul ? C’est pour ça que cette citation me semble refléter le Poids chiche.
Merci à Lauriane de m’avoir accordé ce temps pour répondre à mes questions.
Je vous encourage vivement à aller la rencontrer et à soutenir une merveilleuse initiative qui porte une réelle démarche écologique et de santé.
Je crois que notre carte bleue vaut tous les bulletins de votes du monde c’est en tout cas ma conviction profonde et c’est aussi pour cela que je souhaite soutenir Le Poids chiche. Et puis une merveilleuse rencontre ça ne se refuse pas :-p
Vous pouvez retrouver Lauriane sur la page facebook du Poids chiche :
https://fr-fr.facebook.com/aupoidschiche/
Vanessa